20/03/2008

Morano : ministre d'ouverture à l'homoparentalité ?

Nadine Morano, députée de Meurthe-et-Moselle, vient d’être nommée secrétaire d’Etat à la famille.

Evidemment, on peut avoir (beaucoup) de mal avec le côté castafioro-populo-vulgairo-porte-flingue de cette fervente sarkozyste dont certaines déclarations, attitudes ou méthodes sont apparues franchement détestables ici, ici ou ici.


Sur la forme, on peut d’ailleurs s’étonner de cette nomination dont le style vient renforcer le Sarkozy-casse-toi-pauv’-con que les Français n’ont guère apprécié.

Sur le fond, on peut aussi s’interroger sur le fait de nommer au Gouvernement quelqu’un qui vient de perdre une bataille municipale (et dans les grandes largeurs, car elle n’arrive que troisième à Toul) alors qu’il avait été demandé aux perdants des législatives de bien vouloir en partir.

N’empêche, ne peut-on aussi se réjouir de la voir nommée à ce poste au regard de ses déclarations répétées sur l’homoparentalité ?

Car Nadine Morano, loin d’être Christine Boutin, s’est ouvertement déclarée en faveur…

  • Du mariage gay
  • De l’adoption par les couples de même sexe
  • De l’adoption simple par le parent social (quand l’autre est biologique of course)
  • De l’insémination artificielle pour les lesbiennes
  • De l’extension du congé paternité aux femmes dont la compagne vient d’accoucher

Et tout ça, en prenant les choses à mon sens par le bon bout à savoir l’intérêt de l’enfant. « Bon » parce que c’est évidemment ce qui compte de façon suprême. « Bon » aussi sur le plan stratégique pour faire avancer le droit des homos (le divorce doit ainsi beaucoup à la prise en considération des intérêts des enfants issus de couples illégitimes)

Quelques déclarations en vrac :

« Ma famille idéale, c'est un père, une mère, la robe blanche. Mais la réalité est autre: familles recomposées, monoparentales, homoparentales. Lorsqu'on est élu, il faut regarder les choses en face. Ces enfants existent, pourquoi auraient-ils moins de droits que les autres ?» (L'Express, 23 juin 2006)

« Il y a une réalité. On peut se la cacher, la nier, dire que "ça n'existe pas". Qu'il n'y a pas de couples homosexuels qui ont des enfants, qu'il n'y a pas d'hommes et de femmes homosexuels qui s'arrangent ensemble par insémination artisanale pour avoir un enfant, qu'il n'y a pas de lesbiennes qui vont en Belgique se faire inséminer. Soit on ferme les yeux, soit on décide de regarder la réalité en face. Ces enfants doivent avoir le même niveau de sécurité que les autres. Il faut faire évoluer la législation.
(…)
Si vous prenez le cas d'une mère biologique qui décède, sa compagne n'a pas de statut vis-à-vis de l'enfant. Si les grands parents veulent lui retirer l'enfant qu'elle a elle aussi élevé, ils le peuvent. Où est l'intérêt de l'enfant ? Pourra-t-elle continuer à le chercher à l'école, à lui donner de l'affection, sans statut légal"

« Pourquoi faut-il que nos concitoyennes s'expatrient, comme certaines auparavant pour l'IVG, ou d'autres pour l'aide à mourir. Il n'est pas normal qu'une femme qui, de toute façon, se fera inséminer à l'étranger, s'exile ainsi. On ne peut pas interdire le désir de maternité. Au nom de l'égalité, il faut les laisser avoir accès à la PMA en France.» (Libération, 28 octobre 2006, article que l'on retrouve Ici)

« En matière d'adoption, un couple mère-père a bien droit aux congés de maternité et de paternité. Pourtant ce n'est pas leur enfant. Il faut des droits égaux pour tout le monde et donc transformer la loi en mettant congé de "parentalité" à la place de "paternité" » (LCI, 24 janvier 2006)

Donc, y a de l’espoir ???

Oui, sauf que son patron, lui, n’a cessé de répété qu’ « une famille, c'est un père, une mère et un enfant. »

Sauf que Morano appartient à une majorité dans les rangs de laquelle il s’est tout de même trouvé 289 parlementaires pour suivre le député Jean-Marc Nesme et signer en janvier 2006 son manifeste «pour la défense du droit fondamental de l'enfant d'être accueilli et de s'épanouir dans une famille composée d'un père et d'une mère» (faudrait vérifier combien ont été réélus en 2007 mais enfin, ça donne le ton).

Sauf, finalement et comme elle le dit elle-même relancée sur RTL hier matin sur la question de l’adoption :

« C'est ma position, clairement prise quand j'étais membre de la commission sur la famille et les droits de l'enfant, mais en tant que ministre de la Nation j'ai à appliquer un projet présidentiel d'abord et je m'y tiendrai.»

Quoi qu’il en soit et si elle pouvait grouiller sur le congé « parentalité », ce serait vraiment pas de refus !

19/03/2008

Les Femmes aussi (Saison 2 ?)

Quand j'étais petite (déjà hyperactive et obsessionnelle mais aussi colérique à tendance boudeuse), ma Mère m'a dit un jour qu'il était plus facile de faire la tête que de la défaire.
Comment revenir ensuite sur le silence que l'on a délibérément instauré ? Que dire ? Sur quel ton ?... souvent c'est la fuite en avant.
J'ai trouvé ça tellement vrai qu'ensuite j'ai toujours soigneusement évité de (trop) me mettre dans cette délicate situation.

Mon dernier billet sur ce blog date de.... pfff.... l'année dernière.
Et ça me fait un peu comme si j'avais fait la gueule. Alors que pas du tout hein ! Plein de choses à vivre, à écouter, à laisser faire... et pas trop envie de parler, c'est tout. A commencer par notre petit(e ?) Calez Junior qui va maintenant (très) bientôt se pointer.
J'ignore si cette imminence y est pour quelque chose mais du coup, depuis quelques temps j'ai à nouveau envie de poster... Sans savoir par quel bout m'y remettre (et si je vais avoir le temps de continuer !)...

Alors pourquoi ne pas reprendre là, maintenant.
4 heures du mat'. Insomnie. Lecture. Verre de lait. Canapé. Télévision. Et découverte sur France 5 de l'émission Les Femmes... aussi. Une série de documentaires datant des années 60. Témoignages de vies ordinaires de femmes françaises. Le travail, la famille, la sexualité, le divorce... pendant ces toutes dernières heures avant leur "libération" qui affleure déjà comme une souffrance larvée, sous la rigidité du cadre domestique et la soumission légale à leurs maris.

Ce travail est réalisé et produit par Eliane Victor et j'aime vraiment la démarche équilibrée de cette femme accusée par les féministes de l'époque de ne pas aller assez loin et par les autres de dépasser les bornes.
Le quotidien de ces femmes, souvent émouvant, violent même pour la femme que je suis quelques petites décennies plus tard, raconte une histoire de notre pays qui, pour n'être ni celle des dominants ni celle des glorieux exploits ou des grandes atrocités exprime peut-être encore mieux ce dont nous venons.
Au moment où, face aux hommages rendus à Lazare Ponticelli, dernier des poilus, je trouve au passage fort dommage que l'on ne dise pas un mot de toutes leurs veuves, toujours en vie...

Invitée à réagir à ces portraits, Françoise Forette, professeur de médecine, ressent ces femmes d'alors comme "moralement voilées". Et fait le parallèle avec à toutes celles qu'elle est amenée à croiser lors de conférences qu'elle dispense en Turquie, en Afrique ou au Moyen-Orient et qui, elles, se trouvent physiquement voilées.
(Digression) Ce sujet du voile m'est toujours apparu éminemment délicat. Comme s'il existait 2 voiles en fait.
Un article allemand lu récemment dans Courrier International (n° 905) s'interroge d'ailleurs sur ce foulard qui, en Turquie, semble être paradoxalement devenu un symbole d'émancipation pour les femmes musulmanes.
Loin de renvoyer à leur claustration dans l'espace privé, le voile apparaît en effet pour certaines d'entre elles comme une démarche individuelle et sciemment choisie, symbole d'une modernité qui leur permet, au contraire, de s'imposer dans l'espace public.
Soit.
N'empêche qu'on ne peut s'empêcher de penser que porter le voile, c'est tout de même aller vers l'enfermement...