Morano : ministre d'ouverture à l'homoparentalité ?
Nadine Morano, députée de Meurthe-et-Moselle, vient d’être nommée secrétaire d’Etat à la famille.
Evidemment, on peut avoir (beaucoup) de mal avec le côté castafioro-populo-vulgairo-porte-flingue de cette fervente sarkozyste dont certaines déclarations, attitudes ou méthodes sont apparues franchement détestables ici, ici ou ici.
Sur le fond, on peut aussi s’interroger sur le fait de nommer au Gouvernement quelqu’un qui vient de perdre une bataille municipale (et dans les grandes largeurs, car elle n’arrive que troisième à Toul) alors qu’il avait été demandé aux perdants des législatives de bien vouloir en partir.
N’empêche, ne peut-on aussi se réjouir de la voir nommée à ce poste au regard de ses déclarations répétées sur l’homoparentalité ?
Car Nadine Morano, loin d’être Christine Boutin, s’est ouvertement déclarée en faveur…
- Du mariage gay
- De l’adoption par les couples de même sexe
- De l’adoption simple par le parent social (quand l’autre est biologique of course)
- De l’insémination artificielle pour les lesbiennes
- De l’extension du congé paternité aux femmes dont la compagne vient d’accoucher
Quelques déclarations en vrac :
« Ma famille idéale, c'est un père, une mère, la robe blanche. Mais la réalité est autre: familles recomposées, monoparentales, homoparentales. Lorsqu'on est élu, il faut regarder les choses en face. Ces enfants existent, pourquoi auraient-ils moins de droits que les autres ?» (L'Express, 23 juin 2006)
« Il y a une réalité. On peut se la cacher, la nier, dire que "ça n'existe pas". Qu'il n'y a pas de couples homosexuels qui ont des enfants, qu'il n'y a pas d'hommes et de femmes homosexuels qui s'arrangent ensemble par insémination artisanale pour avoir un enfant, qu'il n'y a pas de lesbiennes qui vont en Belgique se faire inséminer. Soit on ferme les yeux, soit on décide de regarder la réalité en face. Ces enfants doivent avoir le même niveau de sécurité que les autres. Il faut faire évoluer la législation.
« Pourquoi faut-il que nos concitoyennes s'expatrient, comme certaines auparavant pour l'IVG, ou d'autres pour l'aide à mourir. Il n'est pas normal qu'une femme qui, de toute façon, se fera inséminer à l'étranger, s'exile ainsi. On ne peut pas interdire le désir de maternité. Au nom de l'égalité, il faut les laisser avoir accès à la PMA en France.» (Libération, 28 octobre 2006, article que l'on retrouve Ici)
« En matière d'adoption, un couple mère-père a bien droit aux congés de maternité et de paternité. Pourtant ce n'est pas leur enfant. Il faut des droits égaux pour tout le monde et donc transformer la loi en mettant congé de "parentalité" à la place de "paternité" » (LCI, 24 janvier 2006)
Oui, sauf que son patron, lui, n’a cessé de répété qu’ « une famille, c'est un père, une mère et un enfant. »
Sauf que Morano appartient à une majorité dans les rangs de laquelle il s’est tout de même trouvé 289 parlementaires pour suivre le député Jean-Marc Nesme et signer en janvier 2006 son manifeste «pour la défense du droit fondamental de l'enfant d'être accueilli et de s'épanouir dans une famille composée d'un père et d'une mère» (faudrait vérifier combien ont été réélus en 2007 mais enfin, ça donne le ton).
Sauf, finalement et comme elle le dit elle-même relancée sur RTL hier matin sur la question de l’adoption :
« C'est ma position, clairement prise quand j'étais membre de la commission sur la famille et les droits de l'enfant, mais en tant que ministre de la Nation j'ai à appliquer un projet présidentiel d'abord et je m'y tiendrai.»
Quoi qu’il en soit et si elle pouvait grouiller sur le congé « parentalité », ce serait vraiment pas de refus !