29/07/2007

Et si on tirait au sort nos sénateurs ?

Dans le débat actuel sur la modernisation de nos institutions, il est n’est question que du Président, du Premier ministre, du Parlement… Les mecs chargés de réfléchir aux réformes souhaitables sont « nommés », ceux qui vont les voter sont, certes élus, mais juges et parties sur ce dossier précis.

Pourtant, c’est quand même au peuple de fixer les limites du pouvoir qui va être exercé sur lui, non ?

L'avenir nous dira pour combien de temps la campagne de Ségolène Royal et l'échec qui s'en est suivi auront provoqué l'ostracisme des notions de participation et délibération citoyenne.
Hélas.
Car à mon sens, c’est à tort que l’on identifie démocratie et démocratie représentative.
Les changements sociaux et technologiques rendent aujourd’hui nécessaire le passage à une étape ultérieure du développement démocratique qui ne regarde plus les citoyens comme incompétents dès qu’il s’agit de délibérer, de prendre des décisions ou d’exercer des fonctions publiques. Ce doit être la suite logique de l’universalisation du suffrage. Aujourd’hui, l’information et la délibération publique prennent une place croissante dans les médias et l’opinion publique interfère de plus en plus dans les pratiques de gouvernement.

Mais il faut aller plus loin. Prendre acte, structurer et canaliser. Pour en tirer partie, mais également pour éviter les effets pervers que cela ne manque pas d’induire.

Bref, approfondir la démocratie.

Les jurys citoyens, c'était de la racol' politique petits bras.

Pourquoi, par exemple, ne pas réfléchir à remettre au goût du jour le tirage au sort d’une partie de nos représentants ? Ce système existe toujours à travers les jurys d'assises : on reconnaît aux gens ordinaires assez de discernement pour juger leurs semblables, pourquoi leur nier cette faculté dans le cadre politique ?
Le tirage au sort des représentants a d’ailleurs été lié à l'idéal démocratique pendant des siècles, avant d'être oublié. Si cette idée s'est perdue, ce n'est pas par hasard. La conviction des pères des démocraties modernes, selon laquelle les décideurs devaient avoir une distance par rapport au peuple, impliquait que le tirage au sort ne pouvait pas convenir.
Mais ne doit-on pas, précisément, réduire aujourd’hui cette distance ?
Un Sénat, décisionnaire ou consultatif, composé de citoyens tirés au sort ou de membres élus du secteur associatif, serait-il moins représentatif que le Sénat actuel, qui surreprésente la France rurale, dont le scrutin à deux niveaux n’autorise à être élus que des gens qui le sont déjà et pour un mandat dont la durée est aberrante ?